La vieille et le chat errant
Tout vêtu de fourrure en manteau de coutume,
Un chat noir affamé léchait une vitrine.
Ah, que ces plumes là me rongent d’amertume,
Quand je n’ai pour espoir que ma triste famine !
Se lamentait ainsi notre félin errant,
Oubliant que tout chat peut survivre en rusant.
A deux pas une vieille au jupon volanté
Se dirigeait bon pied vers l’échoppe adulée.
On y vendait oiseaux et oiselles en tout style,
De la plume à foison aux couleurs des îles,
Et même une cigogne au long cou panaché.
Le matou appâté, songeant à son souper,
S’approcha de la vieille à petits pas feutrés.
Sous sa jupe il serait plus habile à tenter
De venir en fourbant à ses pieds se frotter.
Bien au chaud mais la queue dépassant du jupon,
La volière en émoi démasqua le fripon.
On le poussa dehors à grands coups de balai,
En perfide imposteur que ma foi il était.
Or la vieille attendrie secourut le minet,
Oubliant que chez elle vivaient trois perroquets !
La morale n’est pas tant d’aller s’indigner
Contre un sot ne visant que son propre intérêt,
Mais de garder en tête qu’il n’y a pas plus rusé
Qu’un matou affamé qui vous lèche soulier !
Eleanor Gabriel
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